Pourquoi mange-t-on une bûche à Noël?

IMG_2908Dans quelques jours c’est Noël, et comme tous les ans nous serons nombreux à terminer ce repas par un gâteau particulier, emblématique de la fête de Noël… la bûche, qui a pour mission de conclure le repas de fête en apothéose. Aujourd’hui, la bûche de Noël prend de ombreuses formes, elle peut être glacée, au beurre… et les plus grands pâtissiers rivalisent d’inventivité réalisant de véritables oeuvre d’art!

Si nous avons le plaisir de la retrouver sur la table, le Larousse nous dit qu’une bûche “est un gros morceau de bois coupé pour être mis dans le feu”, mais alors y a t il un rapport entre la bûche de la cheminée et le gâteau gourmand de Noël? Et si oui, lequel? C’est ce que je vous propose de  comprendre…

Avant de vous en dire plus, un mot sur les photos de cet article, parce que les photos c’est important… Les deux bûches en photo ont été réalisées par William Andrieu de la pâtisserie Ô Gourmandises. Et comme je n’ai pas de cheminée, c’est Benoit, un ami qui m’a fait les photos de son feu de cheminée, je les remercie tous les deux!

En pâtisserie, qu’est ce qu’une bûche? Traditionnellement, c’est un gâteau qui a l’aspect d’un rondin dont les rainures sont généralement tracées à la fourchette et rappellent l’écorce. Une bonne bûche est un savant mélange de textures et de saveurs. 

  • C’est un biscuit moelleux, imbibé ou pas de sirop contenant du rhum, du Grand-Marnier …
  • C’est une “farce”: crème au beurre, marmelade de fruits, crème de marrons, chocolat , confiture, crème légère au mascarpone…
  • Le résultat doit être semblable à un rondin de bois, décoré de crème, de crème chantilly, de ganache, de fruits, de biscuits, de meringues avec le plus souvent des petites figurines  censées représenter Noël et l’hiver. 

 

Comme son nom l’indique notre bûche pâtissière est une imitation de la bûche de la cheminée, mais pourquoi? 

C’est une longue histoire…que je vais essayer de vous expliquer… Dans de nombreuses IMG_2912civilisations, à travers toute l’Europe, on retrouve des coutumes similaires, qui remonteraient à 2500 avant J.-C.  Ces coutumes étaient liées à la célébration du solstice d’hiver, la nuit la plus longue de l’année.  Il existait  un rituel, qui, sur certains territoires a perduré jusque dans les années 50.  Ce cérémonial  consistait  à faire brûler une énorme bûche de bois dans l’âtre de la cheminée. Mais cette cérémonie était pleines de symboles, de sens pour nos ancêtres.

  • La bûche provenait le plus souvent d’un arbre fruitier, les fruits étant un symbole d’abondance,  elle était coupée avant le levé du soleil.
  • Après l’avoir décorée de feuillages et de rubans, elle était déposée dans le foyer par l’aîné et le cadet de la maison, symbole de la famille et de la transmission.
  • Avant de la bruler, la bûche était bénie à l’aide d’une branche de buis, ou de laurier, qui avait été conservée depuis la fête des Rameaux.
  • Elle devait faire de hautes étincelles à l’allumage, pour prémunir des mauvaises récoltes et porter bonheur, ce qui explique aussi le choix de bois de fruitiers! Plus les étincelles étaient hautes, mieux allait être l’année à venir: de bonnes récoltes, peu de sécheresses ou d’inondations…
  • On versait parfois sur cette  bûche de l’huile, du miel du vin en offrande.
  • Du gros sel pouvait également être jeté sur la bûche enflammée afin de protéger la maison des sorcières et autres mauvais esprits.
  • Cette bûche, devait se consumer très lentement puisque parfois elle brulait très doucement jusqu’à l’Épiphanie, soit 12 jours après Noël!
  • Les tisons de la bûche consumée étaient conservés précieusement puis remis au feu en cas de maladie ou de famine dans le foyer pour rompre les malheurs. 
  • On conservait quelques tisons de la bûche précieusement afin d’allumer la bûche du Noël suivant. 
  • Les cendres, par superstition, n’étaient pas non plus entièrement jetées puisqu’elles servaient à protéger des accidents, notamment ceux causés par la foudre.

 

Pourquoi est-on passé de la bûche de la cheminée à la bûche pâtissière?

Le modernisme… Au cours du XIXème et du XXème siècle, les très grandes cheminées IMG_2910aux âtres immenses ont peu à peu disparu, laissant place aux petites cheminées, puis aux poêles en fonte, puis aux radiateurs du chauffage central… La tradition de la bûche avec tous ses symboles a cependant perduré dans certaines régions d’Europe jusque dans les années 1950… quand dès la fin du XIXème siècle, la bûche pâtissière la remplacée petit à petit…

 

La pâtisserie au service de la tradition, mais qui a inventé la bûche? 

De nombreux pâtissiers se disputent la paternité de la bûche telle que nous la consommons à Noël aujourd’hui. Alors qui est le père de la bûche de Noël??? Qui a eu l’idée d’une génoise roulée pour faire échos à la bûche de l’âtre, autant dire que très logiquement, de nombreux pâtissiers ont pu avoir l’idée en même temps. Voici quelques pistes…

  • un des ouvriers pâtissiers de l’hôtel La Vieille France à Paris l’aurait créé en 1834.
  • elle tirerait ses origines du traditionnel “gâteau roulé de Noël” natif de la région Poitou-Charentes au XIXème siècle.
  • ce serait Pierre Lacam, historien, grand pâtissier et glacier de Charles III, Prince de Monaco, qui l’aurait imaginée, recettée et consignée dans son Mémorial de la pâtisserie en 1863 c’est peu probable puisque dans son livre, il met en avant les recettes des autres, ce qui tendrait à prouver  qu’il n’est pas le père de la bûche.
  • Quillet, un pâtissier parisien, qui a inventé la crème au beurre vers les années 1870, aurait  inventé la bûche, ce serait lui le père de notre bûche.

 

Alors finalement, depuis quand mange-t-on une bûche pour Noël?

C’est en 1945, après la seconde Guerre mondiale que la bûche s’est démocratisée d’abord en France, puis partout dans les pays francophones, c’est l’époque ou la fête de Noël s’uniformise…

 

La bûche pâtissière et la bûche de la cheminée de symbole en symbole!

IMG_2909Ce qu’il est intéressant de noter c’est que certains symboles sont passés de la bûche de la cheminée à la bûche pâtissière au moins au tout début dans la bûche traditionnelle.

  • alors que l’on versait du vin pour éloigner le mauvais oeil sur la bûche de la cheminée, traditionnellement on punchait la génoise, c’est à dire que l’on mouillait le biscuit avec un sirop au rhum, au kirsch…
  • alors que l’on choisissait un arbre fruitier pour tailler la bûche, on met souvent dans la bûche pâtissière des fruits, symbole d’abondance…

Par contre on en garde pas une part pour l’année suivante!!!

 

Existe-t-il d’autres gâteaux qui symbolisent Noël?

A travers l’Europe, il existe d’autres gâteaux qui sont préparés et dégustés pour Noël. On peut citer par exemple:

  • Le panettone, une brioche aux fruits confits, raisins secs et zestes d’agrumes, en Italie
  • le kouglof  , en Alsace
  • le stollen, un pain aux fruits secs et confits farci de pâte d’amande en Allemagne
  • le pudding, en Angleterre
  • le kringle, une brioche tressée à la cannelle en Estonie
  • le makoviec, un roulé au pavot en Pologne

Ce que l’on peut constater c’est que tous ces desserts traditionnels contiennent des fruits secs qui étaient symboles d’abondance et de fertilité. Ainsi, on multiplie les mets à Noël, car “l’abondance promet l’abondance”.

Je souhaite à chacun de vous, un Joyeux Noël!

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6 commentaires sur “Pourquoi mange-t-on une bûche à Noël?

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    1. Avec grand plaisir!!!
      J’adore redonner du sens à ce que nous faisons machinalement… C’est important pour moi dans ce monde ou plus grand chose n’a de sens et ou il y a panne de transmission…
      Belle fin d’année!

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